Mézian, converti dans sa jeune majorité,
voulait commettre un attentat le 24 juillet
Il cherchait à s'armer sur le Darknet pour commettre un attentat. Un habitant des Yvelines, âgé de 25 ans, a été arrêté par la Police Judiciaire de Versailles.
Et pourtant, cet habitant de Noisy-le-Roi (Yvelines), âgé de 25 ans doit être jugé pour apologie d’un acte de terrorisme et une tentative d’acquisition d’arme de poing. Selon l’enquête, il projetait même de mener à termes « un projet ».
Mézian, converti dans sa jeune majorité, est entré dans le collimateur de la Brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles après ses publications sur Snapchat et Tik Tok. Des vidéos dans lesquelles il vante le djihad, des positions très radicales. Il y prône les valeurs de la charia, comme « une nécessité ». Il y donne sa vision d’un mécréant, « un être humain qui rejette la vérité. »
Des bonbons contre du prosélytisme
À Noisy-le-Roi, commune de 7 600 habitants, Mézian n’est pas un inconnu. Il se promène en djellaba. Il attire aussi les jeunes à lui. Contre des bonbons ou de l’argent, il leur apprend des prières, les codes de l’islam. Dans la forêt, il leur confirme qu’ils seront « la prochaine génération de combattants. »
Le 11 juillet, il file sur le Darknet où il tente d’acheter une première arme de poing, un Colt 45. Il se fait arnaquer de 500 euros. Il y revient vite, le 15 juillet, pour en acquérir une autre, un pistolet 7.65. « Il faut attendre. Pendant les émeutes, la demande a été forte », le prévient son contact.
En parallèle, les enquêteurs apprennent de son ancien codétenu de Condé-sur-Sarthe (Orne – dép. 61) qu’il a déjà parlé d’un « projet » criminel. L’homme n’a jamais caché pas sa radicalité, devenue plus puissante après sept ans de prison. Sept années pour un viol en réunion commis lorsqu’il était mineur.
Il est passé par le quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR). Il y a beaucoup lu d’histoire, d’astrophysique et de livres religieux.
Le profil de l’homme est inquiétant. La brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles décide de l’arrêter. D’autant que Mézian a parlé d’une date : le 24 juillet. Mais pas d’un lieu. Car, selon lui, « c’est une date clé où les francs-maçons ont été contre les armées du prophète. »
Avant d’être placé en détention provisoire, il rédige une lettre de 6 pages au juge. L’écriture fine, serrée, penchée est très calligraphiée. Elle commence par une grande lettrine.
« La radicalité permet de me canaliser »
Dans ses phrases, il explique sa vision de « la radicalité qui n’est pas dangerosité. Elle permet de me canaliser. » Il explique aussi que le djihad est une purification et que « le seul maître à bord, c’est Dieu et son messager. »
Le prosélytisme ? « Je n’en fais pas plus que ça. Dieu m’a appelé à amener les gens à lui. »
Face à ses juges, Mézian conteste tout projet d’attentat. Il confirme son repli et un « certain renfermement », après son passage en QPR, où il pouvait être intégralement fouillé sept fois par heure.
En étant libéré, je me suis senti déboussolé agressé par l’extérieur, par l’afflux des informations.
Le prévenu.
Intérimaire aux Ecuries du roi à Versailles
Aux accusations d’attentat, il répond par la folie de son délateur. « Moi, je veux juste faire ma vie, travailler. Là, je suis ouvrier en intérim sur un chantier aux Écuries du roi, à Versailles. »
« Un loup solitaire et dangereux »
Pour la procureure de la République, tout cela prend une teinte plus que désagréable.
Les explications qu’il donne, il est le seul à les comprendre. Moi, je vois qu’il publie des vidéos où il montre les combattants comme des héros. Il dit que ces vidéos alimentent sa foi. Il raconte s’être fait vacciner contre la fièvre jaune pour faire une retraite spirituelle au Mali. Ce n’est pas une destination anodine. Un de ses amis le dit jusqu’au-boutiste, prêt à tomber en martyr. Sans oublier les écrits retrouvés chez lui, les tentatives d’achat d’une arme… C’est un loup solitaire et dangereux.
Julie Gros,
procureure de la République.
Et la magistrate de poursuivre : « Dans un pays comme le nôtre et un département comme les Yvelines, durement touchés par le terrorisme (Magnanville en 2016, Conflans-Sainte-Honorine en 2020 et Rambouillet en 2021), ce n’est pas entendable, ni acceptable. »
Dans ce cadre, le parquet prononce des réquisitions lourdes, à hauteur de 7 ans de détention, d’un suivi sociojudiciaire pendant 10 ans, d’une interdiction de se rendre dans les Yvelines pendant 10 ans et de détenir une arme pendant la même durée.
« Je ne suis pas quelqu’un qui veut verser le sang »
Pour ses derniers mots de défense, Mézian pose ses mots.
Le pragmatisme voudrait que je sois libéré car la réinsertion est là. La radicalité dont vous me caractérisez est une chose qui me stabilise, qui génère un apaisement. Je fais ça dans une bonne intention. J’ai foi en le seigneur que vous avez renié. Mais je veux le bien pour des gens comme vous. J’appelle les gens à la vérité pour leur bien. Je ne suis pas quelqu’un qui veut verser le sang.
Le prévenu.
La condamnation a été prononcée, suivant à la lettre les demandes du ministère public.
Sans un mot, Mézian a été menotté et reconduit dans les geôles.
Il dispose de dix jours pour faire appel de la décision.
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